PHILOSOPHIE (FR)

AMOUR

L’amour est le grand moteur; celui au nom duquel on peut accomplir les choses sans compter les heures ni l’énergie investies.
Avant d’essayer de comprendre l’autre, à travers ses différences, il faut d’abord l’aimer, sans quoi on reste subjectif dans son jugement.
À mon avis, tous les conflits humains partent d’un manque d’amour (manque d’amour reçu, manque d’amour à donner…) et tous les prétextes que trouvent les hommes pour se battre sont d’ordre formel et non substanciel.
Au niveau spirituel, il n’est pas toujours simple de distinguer la frontière entre relation amoureuse, amour et amitié profonde.
Je pense qu’il faut dissocier “Amour” et “Relation Amoureuse” ; le premier est un terme générique qui ne sous-entend pas d’exclusivité ni de rapport charnel ; le deuxième est un engagement quasi-contractuel entre des êtres qui ont choisi de s’explorer plus à fond.
Force est de constater qu’il est plus facile d’aimer que d’entretenir une relation amoureuse durable ; il y a tellement de “naufragés du couple” sur terre qu’on se demande si l’inventeur du concept n’a pas fait un canular !
Jeunes, on s’engage fougueusement dans une relation avant de connaître son partenaire et d’avoir sous-pesé les conséquences possibles de cette union.
Avec la maturité, on devient plus sélectif, plus exigeant et donc moins prêt à s’égarer dans des aventures sans lendemain ; on s’interroge davantage sur le bien fondé d’une relation, on fait des comparaisons avec ce qu’on a vécu précédemment et redoutons de nous “tromper” de partenaire…mais cette prudence peut conduire à une peur de s’engager, et donc, au célibat délibèré.
J’ai l’impression que les gens ont parfois autant peur de se tromper de partenaire que du célibat ; dans le premier cas, ils sont hantés par leurs expériences précédentes, dans le deuxième, ils le sont par le regard des autres, par le fait de ne pas être “conformes”, parce qu’il est de bon ton de s’unir, dans notre société et par le fait de se retrouver seul façe à ses doutes, sans pouvoir les partager…pourtant, on peut aimer sans s’unir, je pense…je ne prône rien en particulier (union libre, consacrée, hétérosexuelle, homosexuelle, célibat…) mais pense qu’il faut arriver à écouter son coeur, au mépris des pressions et influences extérieures.
À ce sujet, Toots Thielemans a enregistré un album intitulé “Only trust your heart”, un de ses plus beaux disques d’ailleurs…

BATTERIE

Cet instrument peut s’avèrer vicieux ; indispensable pour maintenir un drive et insuffler l’énergie, efficace pour pimenter la musique de sons secs et brillants, il peut également parfois devenir un outil de défoulement et outrepasser son rôle de base ; je pense qu’un bon batteur n’est pas nécessairement un batteur puissant ou exhubérant mais un batteur qui charpente subtilement la musique sur laquelle il joue.
Même si cela peut paraître sectaire, je pense que la batterie n’est pas un instrument de soliste ; les CD de solo de batterie me fatiguent car le manque total d’harmonie et de mélodie m’est pénible.
J’aime observer l’évolution qu’a subit cet instrument au cours de ces 50 dernières années mais je pense malgré tout que les batteurs qui swinguent le plus appartiennent aux générations précédentes, les batteurs modernes apportant toutefois des ingrédients passionants mais d’un autre ordre…
Mes batteurs préfèrés sont souvent américains ; parmis eux ; Jeff Tain Watts, Jack De Johnette, Bill Stewart, Roy Haynes, Vinnie Colaiuta, Steve Gadd, Peter Erskine, Tony Williams…

BE-BOP

Représentant d’une certaine façon la substantifique moëlle du jazz actuel, le be-bop est au jazz ce qu’est J.S. Bach au classique ; rigueur mélodique absolue (les phrases de Charlie Parker ne sont d’ailleurs pas tout à fait étrangères à celles du compositeur allemand…), logique implacable des harmonies ; le tout sur des tempis rapides, ne laissant donc pas beaucoup de place aux silences.
Cette forme musicale a probablement poussé les jazzmen à jouer vite et à développer un langage mélodique plus raffiné qu’il ne l’était dans le jazz d’avant-guerre ; c’est donc indéniablement un des éléments les plus déterminants dans l’évolution de cette musique au cours du dernier siècle.
Pour moi, à l’heure actuelle, le be-bop n’est pas une fin en soi mais plutôt une mine dans laquelle il faut puiser pour étoffer son discours, au même titre que l’on apprend le latin à l’école pour affiner son français…

BELGIQUE

La Belgique est indéniablement un pays ingrat pour les artistes, et ce pour plusieurs raisons ;
D’abord, parce que le séparatisme linguistique (flamands/wallons) freine indirectement l’expansion nationale d’un artiste (c’est déjà vrai pour le jazz, ce l’est encore plus pour le théâtre, la littérature, le cinéma…) et morcelle donc d’avantage le “cheptel de base”.
Ensuite, parce que l’inconscient collectif du belge moyen nourrit une sorte de complexe par rapport aux américains ou à nos voisins français ; quoique conscients de l’immense valeur artistique de certains de nos compatriotes, nous les mettons souvent en balance avec les stars internationles (ce que font moins les français ou les américains !).
Des exemples ; Jacques Brel, Maurane, Lara Fabian, Benoît Poelvoorde, Jean Van Hamme, Philippe Geluck (…) n’ont acquis leurs lettres de noblesse qu’après avoir “cartonné” en France parce que dans nos têtes, si on cartonne là-bas, c’est qu’on est bon !!
Idem pour Toots Thielemans aux USA…un créateur belge qui vise “grand” est immédiatement obligé de s’exporter ; c’est son premier impératif !
Les artistes belges qui ne poussent pas la porte vers l’étranger sont condamnés à plafonner toute leur vie !
Et pourtant, quel pays peut se targuer de possèder autant de créateurs au mêtre carré ? (Hergé, José Van Damme, Pol Bury, Panamarenko, Poelaart, Félix Roulin, les frères Dardenne, Jaco Van Dormael, Yves Hundstad, Jan Bucquoy, René Thomas, Bert Joris, Philip Catherine, James Ensor, Alechinski, Permeke…).

BLUES

Personnellement, je suis plus touché par les phrasés blues adoptés par le jazz que par le blues authentique d’avant-guerre ; ce dernier ne manque pourtant pas d’émotion ni de jus, seulement, en tant que pianiste, je n’y retrouve pas suffisament de variations harmoniques et m’en lasse après 1 morceau.
Parcontre, j’apprécie les bons bluesmen de ces 30 dernières années (en particulier les guitaristes, meilleurs représentants de ce style, à mon avis…).
J’adore Eric Clapton, Stevie Ray Vaughan, Gary Moore, Robben Ford, David Gilmour…
Je pense également que des saxophonistes comme David Sanborn et Grover Washington doivent autant au blues qu’à John Coltrane !

BONHEUR

Impossible d’être complet sur le sujet !
Dans notre société occidentale, il nous faut davantage focaliser sur le présent au lieu de s’évertuer à organiser un éventuel bonheur futur ; même si c’est difficile, il faut arriver au juste équilibre entre organisation du lendemain et jouissance du présent ; à ce propos, j’aime une phrase de Paulo Coelho qui résume la chose de façon poétique ; “c’est dans le présent que réside le secret ; si tu fais attention au présent, tu peux le rendre meilleur. Et si tu l’améliores, ce qui viendra après sera également meilleur”.
De façon plus générale, je pense qu’il est le sens de la vie mais que l’on y accède pas tous par le même biais.
D’une personne à l’autre, cela peut être la jouissance éphèmère, la dévotion, l’enrichissement (financier ou spirituel), la consécration, la parentalité, la fierté de soi, de ses enfants.
Je pense aussi que nous nous construisons un nombre incalculable de barrières et que nous n’arrivons pas toujours à saisir le bonheur là où il se trouve, soit parce qu’on ne le voit pas, soit parce qu’on s’interdit inconsciemment d’y accèder.
Je trouve triste de constater qu’en Occident, les gens doivent souvent traverser de lourdes épreuves avant de prendre conscience de la fragilité de l’existence ainsi que de sa richesse extrème ; je crainds que dans notre société, il soit difficile de savourer autant le bonheur que lorsqu’on a frôlé la mort ou connu la souffrance, pour autant qu’on ai traversé l’épreuve sans traumatisme définitif.
Il faut surtout arriver à dissocier le but et les moyens ; l’argent et le travail ne sont que des moyens ; s’ils sollicitent plus de temps que les loisirs, les hobbies ou la famille, on rate l’essentiel.
Si le métier EST le hobbie, le bonheur est dans l’air, ce pourquoi il me semble indispensable de faire un métier passionnant.
Ce n’est paradoxalement pas le cas de la majorité d’entre nous ; je pense qu’en Occident, les gens qui, toute leur vie durant, n’exercent pas un métier désiré souffrent d’un manque de volonté, d’ambition d’être vraiment heureux ; de façon plus générale, je pense que le bonheur se provoque plus qu’il ne s’attend.
Dans les pays pauvres ou en voie de développement, les choses sont évidemment moins simples…

MICHAEL BRECKER

Grand Coltranien à la base, Michael Brecker a néanmoins réussi à tracer une voie unique et largement imitée parmis les jazzmen du dernier quart de siècle passé ; de façon plus générale, il est un des instrumentistes les plus influents qu’ai connu le saxophone depuis sa création.
Contrairement à certains artistes précocement mûrs, je trouve que Brecker vieillit comme les meilleurs vins ; extrèmement doué mais un peu cabotin au niveau de ses choix durant le début de sa carrière, plus profond et lyrique avec l’âge.
J’adore son timing, sa fougue contagieuse, ses audaces harmoniques qui ouvrent tant de portes à la fois ; j’aime aussi le choix de ses partenaires ; j’ai le sentiment qu’il aspire à se faire provoquer par des jeunes loups “qui en veulent”.
Longtemps sideman, il est étonnant de constater qu’il n’enregistra à son nom qu’à l’aube de ses quarante ans ; ce qui lui a néanmoins donné tout le temps requis pour cogiter sur son concept, tant au niveau de ses compositions soignées qu’à celui de leurs arrangements.
J’adore particulièrement son premier album éponyme.

CHANT

La voix est mon instrument préfèré mais également celui pour lequel je suis le plus exigeant ; quoique très sensible aux mots et à ce qu’il y a derrière, j’accorde un peu plus d’importance à la voix et la mélodie qui les portent qu’aux textes.
Je peux faire l’effort d’écouter des textes moyens si la musique et la voix sont belles mais suis incapable d’écouter d’excellents textes sur une musique moyenne ou mal chantée.
Je n’aime pas les voix qui trahissent la dureté d’un être ; je pense que les gens blessés ou ultra-sensibles peuvent dégager une émotion forte par le chant mais que ceux qui l’abordent comme on aborde la boxe induisent une rudesse désagréable à l’ouïe.
J’aime le vibrato naturel et parcimonieux ; lorsqu’il est systématique et mécanique, cela me touche moins, voire pas du tout.
En bref, j’aime ce qui est nuancé, précis et senti…
Parmis mes chanteuses préfèrées, en jazz ; Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Shirley Horn, Nancy Wilson, Deborah Brown, Jane Lee, Tierney Sutton, Norma Winstone, Fay Claassen, Rachelle Ferrell, Viktoria Tolstoy, Lonette Mc Ghee, Diana Krall…en pop ; Randy Crawford, Annie Lennox, Sherryl Crow, Alanis Morissette, Whitney Houston, Joni Mitchell, Shaka Khan, Norah Jones, Aretha Franklin, Pathy Cathcart, Oletta Adams…en brésilien ; Ellis Regina, Paula Morelembaum, Astrud Gilberto, Marcia Maria…
Parmis mes chanteurs préfèrés, en jazz ; Frank Sinatra, Ian Shaw, Kurt Elling, Michael Bublé…en pop ; Al Jarreau, Freddie Mercury, Stevie Wonder, David Gilmour(Pink Floyd), Sting, Bono(U2), Donny Hattaway, Bobby Mc Ferrin…en brésilien ; Milton Nascimento, Ivan Lins, Djavan, Caetano Veloso…

COMPOSITION

La composition, c’est le cachet le plus personnel d’un musicien, c’est l’expression la plus construite des émotions ressenties et donc, par extension, des expériences que la vie nous a fait traverser…
Cette discipline est mon dada ; c’est l’élément qui m’aide à me sentir moins perdu dans la masse innombrable de pianistes à travers le monde.
Il y a beaucoup de bons pianistes de jazz mais peu d’entre eux composent bien et aucun ne compose comme moi, puisque personne n’a eu exactement la même vie que moi.
Il est aussi difficile de rationaliser l’art de la composition que les émotions que la musique provoque ; je pense donc que les cours de composition, d’harmonie et de contrepoint ne sont que quelques uns des multiples facteurs nécessaires à l’élaboration d’un morceau.
Gardons à l’esprit le fait que la plupart des gens ne retiennent qu’une chose : la mélodie… ; le reste, c’est de l’habillage, du maquillage, une question de forme, et non de fond.
Philip Catherine m’a dit un jour ; “une belle mélodie, c’est une mélodie qui se suffit à elle-même, sans accompagnement”.
Je pense que le jazz a tellement sophistiqué les systèmes harmoniques et rythmiques qu’aujourd’hui, beaucoup de compositeurs se perdent dans des dédales de patternes intellectuels, au mépris du fil conducteur principal.
Il faut donc commencer par la mélodie pour ensuite l’habiller de façon à la mettre d’avantage en valeur.
Dans l’élaboration d’une trame harmonique, je crois qu’il faut toujours écrire de façon horizontale et non verticale ; en d’autres termes, il faut focaliser sur les notes qui précèdent et qui suivent plutôt que sur celles qui interviennent en même temps.
Un accord ne signifie rien s’il est isolé de son contexte ; l’intérêt ne réside que dans les suites d’accords !
De façon générale, j’aspire à la musique triste ou romantique, non pas que je cherche à m’attrister ; seulement, cette musique me touche plus loin que beaucoup d’autres.

CONTREBASSE

Dans une formation jazz d’au moins trois musiciens, la contrebasse est probablement l’instrument le plus indispensable ; il y a des groupes de jazz sans batteur, sans chanteur, sans cuivre, sans vent, sans guitare, sans piano mais rarement sans contrebasse (ou basse).
Quoique plus discrète que bien d’autres instruments, elle assure la fonction de base ; elle est la base !
Je ne suis pas fan des solos de contrebasse car je pense que sa véritable fonction réside dans la qualité mélodique des walkings, dans l’impulsion rythmique qu’elle provoque et dans le timbre qu’elle offre.
J’aime les contrebassistes qui comprennent cela et qui jouent de façon humble et économique.
Parmis mes contrebassistes préfèrés ; Ron Carter, Dave Holland, Charlie Haden, Eddie Gomez, Marc Johnson, John Pattitucci, Hein Van De Geyn, Philippe Aerts…

MILES DAVIS

Assurément un des plus grands concepteurs artistiques du 20ième, il a réussi à dégager la quintessence du be-bop pour produire un jazz tout en profondeur, en finesse et en nuances.
“KIND OF BLUE” est une pièce maîtresse du grand puzzle musical ; cet album est peut-être au jazz ce qu’est le requiem de Mozart à la musique classique ; une oeuvre incontournable !
Après ça, il a continué à se remettre en question jusqu’à sa mort, flirtant avec des styles très différents mais restant toujours très intègre dans ses démarches, ce qui faisait sa force singulière et la raison pour laquelle je l’admire.

DÉTERMINATION

Je pense qu’il est aisé de reconnaître le talent de quelqu’un mais qu’il est plus dur de comprendre d’emblée pourquoi certains “doués” percent et pas d’autres : en réalité, c’est la détermination qui fait la grande différence.
À force de buter sur les obstacles, malgré leur talent, énormément d’artistes finissent par se résigner ou par voir leur ambition s’effriter…ce n’est que la poignée d’irréductibles têtus qui se placeront progressivement en tête de peloton.
À ce propos, j’aime une phrase de Jack Kornfield ; “nous avons toujours la possibilité de recommencer encore une fois”.
D’un auteur que j’ignore, j’aime aussi cette citation ; “si tu as l’impression d’être nul ou pas à la hauteur, souviens-toi que, spermatozoïde, tu as gagné la course !”.

EGO

Je pense qu’il est comme une bombe à retardement ; nécessaire pour un artiste car vecteur de la confiance en soi, il inhibe la timidité et les complexes ; mais il peut également déformer passablement notre vision de la réalité et altèrer nos relations avec les autres.
J’aime les phrases de Mathieu Ricard ; “la véritable liberté exige de s’affranchir de la dictature de l’égo et de son cortège d’émotions”.
“La souffrance invisible est ominiprésente tant que nous sommes sous l’emprise de l’ignorance, de l’attachement au moi et d’une perception erronée de la réalité”.
Une belle phrase de Jack Kornfield ; “Le monde réel est au-delà de nos pensées et de nos idées. Nous le voyons à travers le filet de nos désirs, partagés entre plaisir et douleur, bien et mal, intérieur et extérieur. Pour voir l’univers tel qu’il est, il nous faut passer au-delà du filet ; ce n’est pas si difficile car il est plein de trous”.

BILL EVANS

Le plus luxueux des pianistes de bar (ceci n’étant nullement péjoratif !) et le plus romantique des jazzmen est un peu le Glenn Gould de la note bleue, en ce sens qu’à l’intérieur d’un genre bien défini et d’une façon très structurée, il a réussi à imposer au piano un style tout à fait singulier.
Une des questions les plus fréquentes à son propos est ; ” swinguait-il vraiment ?” ; quoiqu’impeccablement régulier, son timing était probablement plus rigide et moins ternaire que celui de beaucoup de ses contemporains, ce qui prêterait à conclure qu’il ne swinguait pas vraiment ; je pense que c’est un des éléments qui le positionnent à l’intersection entre le jazz et le classique !
Dans l’absolu, l’intérêt n’est évidemment pas de savoir s’il swingue mais s’il émeut, ce qui est certainement le cas ; de par son immense bagage harmonique et son goût prononcé pour les mélodies pures, il touche le coeur sans détour ; un de mes préfèrés, assurément !

FLÛTE

Synonyme de fragilité, de légèreté et de féminité, la flûte ne permet malheureusement pas les descentes de registre si excitantes dans les improvisations jazz…
Je pense donc que la tessiture de l’instrument le handicape et ne lui permettra jamais d’avoir en jazz la place des autres instruments à vent (sax, clarinette…) ou des cuivres (trompette, trombone, bugle, cornet…).
Je pense que le rôle de la flûte est mieux rempli dans le baroque, le folk ou la musique des Andes.
Néanmoins, en jazz, j’adore à la flûte Joe Farrell et Bob Malach…

FREE JAZZ

Je pense qu’il représente la forme d’expression musicale la plus libre et la moins codifiée qui soit ; c’est l’abstraction totale, l’anarchie, voire le chaos…
L’émotion qu’elle peut hasardeusement et sporadiquement procurer par l’effet de transe et d’émulation collective ne sera jamais aussi intense et durable qu’à l’écoute d’une mélodie construite et arrangée.
Cette musique ne me séduit pas car elle est davantage le reflet d’un mouvement phylosophique émancipatoire qu’une réelle forme de quête esthétique.
En outre, je reconnais sa contribution spirituelle à l’évolution du jazz dans les années ’60 et ’70.

RICHARD GALLIANO

Parmis les européens, il représente pour moi un des plus grands poètes musicaux contemporains ; puisant ses influences dans diverses racines telles que le tango, le musette, le jazz et le classique, son propos est vecteur d’images.
Pour avoir travaillé avec lui, je peux dire à quel point il est ouvert à toutes formes musicales, laissant libre court à toute éventualité et interaction, tant au niveau rythmique que mélodique. Sa technique immense n’est que le moyen, le but restant toujours la communication de l’émotion ; un grand Monsieur !

EGBERTO GISMONTI

Quel merveilleux compositeur !
Je l’aime pour son atypisme, pour ses mélodies d’une inquiétante beauté, pour sa largeur d’esprit, celle qui lui autorise toutes les libertés ; flirtant tant avec le jazz qu’avec le classique romantique, le classique contemporain ou la musique ethnique Amazonienne…
Ses recherches harmoniques et rythmiques sont assez poussées et le rendent impossible à “étiquetter” ; si je devais résumer sa musique en un seul mot, je dirais ; “profondeur”.

GROOVE

Ce mot est difficile à définir ; dans mon entendement du terme, je dirais qu’il définit l’aspect naturel et dansant d’un rythme, qu’il soit binaire ou ternaire ; c’est ce petit ingrédient flou qui nous donne envie de balancer l’arrière-train.
Je pense que le swing est un merveilleux exemple de groove, le gospel et le funk en sont d’autres.
Néanmoins, un bon groove ne doit pas masquer une carrence lyrique ou harmonique.
J’ai l’impression que beaucoup de musiciens se concentrent à un tel point sur le groove qu’ils en oublient l’essence musicale ; la mélodie !
Exemple ; le rap est d’avantage un cri social qu’un réel mouvement artistique, à mon avis.

GUITARE

Je suis frustré de ne pas en jouer ; c’est un instrument qui m’évoque le soleil, la fraîcheur, la délicatesse et la fragilité.
Il offre également un large pannel de couleurs, tant part sa fonction harmonique que par ses différentes possibilités de timbres (en fonction de l’endroit ou les cordes sont pincées et selon qu’on les joue aux doigts ou à l’onglet…).
J’aime la guitare électrique mais je la considère comme un autre instrument, tant le timbre initial est modifié.
Je pense qu’aucun instrument est mieux adapté que la guitare pour jouer le blues ; il offre exactement ce que demande cette musique ; légers portamentos pour accentuer les “blue notes”, jeu d’accompagnement, timbre “sale” (lorsque les cordes sont frottées ou par l’utilisation d’effects)…
Parmis mes guitaristes préfèrés ; Pat Metheny, John Scofield, Kurt Rosenwinkel, George Benson, Sylvain Luc, Jesse Van Ruller, David Gilmour, Gary Moore, Joe Pass, Jim Hall…

HERBIE HANCOCK

Pianiste génial, harmoniste hors-pair, mélodiste enchanteur, il me donne l’impression d’avoir trop de talent que pour se satisfaire d’un concept unique…pour cette raison, il s’est parfois fourvoyé dans des expériences moins convaincantes.
Entre autres qualités, j’adore sa conception du timing ; cette façon qu’il a de “stretcher” le temps à l’intérieur du tempo jusqu’à nous donner le vertige (cf. l’album “My Funny Valentine” avec Miles Davis…).
J’adore aussi sa façon féline d’accompagner dans les ballades ; ses accords riches et chauds ne sont jamais gratuits mais toujours au service direct du soliste.
Dans un autre style et à titre indicatif, je peux écouter l’album “Mr hands” inlassablement ; je pense qu’il fait vraiment partie de l’anthologie discographique du jazz de la deuxième moitié du 20ème siècle !
Tout y est ; recherche de grooves aux frontières entre le funk et le jazz (aboutissement du travail au sein de “Headhunters”), recherches de timbres, solos d’une fougue rare, section rythmique déchaînée…

MICHEL HERR

C’est indéniablement Michel Herr qui m’a insufflé la passion du jazz ; avant de le rencontrer, je n’avais qu’une vision vague et partielle de cette musique.
Michel m’a non seulement appris à l’aimer profondément mais m’en a également donné les rudiments didactiques indispensables.
Je lui dois 80 % de mes connaissances harmoniques ainsi que le goût de la rigueur que l’on se doit d’observer lorsqu’on veut progresser dans une branche, quelle qu’elle soit.
De par ses talents de mélodiste et l’inventivité de ses arrangements, je le considère comme un musicien complet et largement sous-estimé par le grand public.

HOBBIES

Mes hobbies sont les échecs, le bricolage, le tennis, le jogging, …

BILLIE HOLLIDAY

Quoique chronologiquement considèrée comme la première grande chanteuse de jazz, elle ne me touche pas du tout ; ses mélopées vocales sont pour moi d’incessantes gérémiades certes chargées d’émotion mais lassantes et irritantes ; je lui préfère cent fois Ella Fitzgerald ou Sarah Vaughan dont les voix sont assurément plus chaudes, plus riches et plus variées.
Je la respecte néanmoins pour avoir ouvert une voie qui a abouti plus tard à une belle autoroute…

HUMOUR

Il est un exhutoire indispensable, une anti-dote contre la dramatisation des petits ennuis quotidiens, un mode de communication universel qui favorise bien des contacts, une des clés du bonheur, en somme !
Pour je ne sais quelle raison obscure, j’aime l’ironie et l’humour grinçant ; tant qu’on utilise explicitement le deuxième degré, il ne me semble pas nécessaire de garder ses gants sur les sujets “délicats” ; je pense qu’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui !
Parcontre, l’humour dans la musique ne me touche pas parce qu’il discrédite son aspect sacré et dilue sa charge émotive ; si la dimension esthétique fait place à la clownerie, la musique perd de son suc.

INSPIRATION

Cela fait peut-être 20 ans que je me demande si on peut provoquer l’inspiration ou si elle est un don inné (??).
Je pense en tout cas qu’elle se nourrit d’un maximum d’influences et qu’il est illusoire de s’imaginer que l’on puisse être totalement à l’abri d’une ressemblance à ce qui s’est déjà fait dans le passé !
L’inspiration est la conjuguaison de deux forces ; primo, cette énergie créatrice qui nous vient de l’intérieur (ce besoin instinctif de”pondre”), secundo, l’émerveillement face aux ainés, face aux musiques qui nous touchent le plus…
Le catalyseur émotif de ce processus est multiple ; du sentiment de bien-être le plus profond à la déception amère la plus aigüe, il peut être provoqué par une rencontre déterminante, une rupture sentimentale, l’écoute d’un chef d’oeuvre, la vision d’un film superbe ou d’une scène d’horreur…
Comme beaucoup d’autres compositeurs sans doute, j’ai la frustration de n’avoir jamais pu écrire qu’une infime partie de la musique que j’imagine au quotidien.

JALOUSIE

J’adore la phrase de Mathieu Ricard à ce sujet ; “L’envie et la jalousie procèdent de l’incapacité fondamentale à se réjouir du bonheur ou du succès d’autrui”.
En amour, une petite dose de jalousie est un gage d’estime et d’attachement ; une jalousie excessive est une preuve de possessivité et d’exclusivisme.
À mon avis, c’est une des manifestations les plus claires du manque de confiance en soi ; je pense que nous avons tous notre petit pourcentage de jalousie, celui qui nous pousse à nous dépasser façe à la concurrence ; seulement, lorsqu’elle prend des proportions démesurées, cela peut se transformer en aigreur et nous pousser à des attitudes infantiles, voire agressives et destructrices.
Je crois que les gens doués et entreprenants sont inévitablement jalousés et apprennent en général très vite à gèrer cet état de fait.
Je pense que la première réflexion à se faire lorsqu’on est jaloux est la suivante ; il (ou elle) a peut-être ceci en plus que moi mais je possède autre chose qu’il (ou elle) n’aura jamais; que ce quelque chose soit mon arme, ma fierté…

JAZZ

Aujourd’hui, personne n’est réellement capable de définir avec précision ce qu’est devenu le jazz ; en effet, la plupart des éléments qui le caractérisaient au départ se retrouvent dans d’autres musiques ; le saxophone, la contrebasse, l’improvisation, la “blue note”, tandis que le seul élément qui lui est exclusif (le swing) n’en fait plus toujours partie (jazz ECM, jazz-fusion, world-jazz…).
Cette forme musicale est donc arrivée à un tel nombre de ramifications qu’on en oublie le principal élément qui l’a glorifié ; pour les puristes, ce qui ne swingue pas n’est plus du jazz…
Personnellement, je ne suis pas un puriste et ne l’ai jamais été ; le jazz me passionne pour les possibilités qu’il offre (improvisations, richesses harmoniques, éclatement des formes…) mais ne représente pas un aboutissement obligatoire, à mes yeux.
Je pense qu’il faut avant tout raconter une histoire (celle du coeur, celle de notre vie, de nos souffrances, de nos errances, de nos doutes…) et que le jazz en est un médium privilègié mais, tant que possible, j’essaie d’éviter de faire une musique trop “étiquettable”, “stéréotypée” et aspire plutôt aux métissages entre jazz et pop (avec Aftertouch), entre jazz et classique (dont j’aime la fibre lyrique, parfois moins présente dans le jazz), entre jazz et tango (avec Richard Galliano) ou entre jazz et flamenco (avec Quentin Dujardin).
Parmis les musiciens que j’accompagne (ou l’inverse), mes solistes préfèrés partagent souvent ma vision des choses à ce sujet.

BERT JORIS

Cet extraordinaire trompettiste, bugliste, compositeur et arrangeur belge est sans nul doute un des fleurons actuels de la trompette en Europe.
Je lui trouve un timing parfait et une fluidité d’improvisation qui semble aussi naturelle qu’un torrent clair.
Chacun de ses solos sont des morceaux d’étude et ses compositions des chefs d’oeuvre pour la plupart.
Le double album qu’il a enregistré avec le Brussels jazz orchestra est peut-être ce qu’il a enregistré de plus abouti ; outre la qualité égale de ses solos, relevons des arrangements impeccables, une mise en place rigoureuse et une interprètation nuancée.

LOOK

Sur scène, je pense qu’il est indispensable de soigner son look ; le jazz est une musique “moins facile” et il faut tendre un maximum de perches à l’auditeur néophyte pour lui donner l’envie de pénètrer cet univers !
Il faut essayer de briser le vieux cliché selon lequel le jazz est une musique jouée par des “naufragés de la vie sociale”, drogués, alcooliques ou irrespectueux de leur public.

PAT METHENY

J’ai adoré sa musique dès la première écoute, en ’80 ; je pense qu’il fait partie du club restreint des “musiciens planétaires complets” ; grand mélodiste, grand guitariste, grand concepteur, grand métisseur…
J’aime ses propensions à ouvrir des portes, à faire sauter les clivages, à improviser de manière si fluide, à jouer de la musique avant de jouer de la guitare, à s’entourer de l’équipe parfaite avant de s’entourer de “noms”, à bien doser ses répertoires, à jouer les notes juste avant qu’il ne soit trop tard mais jamais trop tôt, à peaufiner ses concerts comme s’il s’agissait à chaque fois du dernier…
En outre, je ne connais pas de guitariste ayant poussé aussi loin l’exploration purement sonore de son instrument.
Alternant de la guitare électrique à l’acoustique (folk ET jazz) en passant par la guitare-synthé ou sa guitare picasso, il voyage entre le son le plus pur au son le plus trafiqué.
Bien sûr, nombre de ses détracteurs disent “qu’il tire sur les mêmes ficelles depuis 25 ans” ; je leur dirai ; “d’abord, ces ficelles, il les a créées lui-même, ensuite, il continue à en créer”.

MODE

La mode est le prétexte que l’on invoque pour vendre un produit arbitrairement décrèté “in” ; c’est l’anti-démocratie culturelle !
Pour moi, le processus de séduction naturelle devrait primer sur la dictature de “l’esthétique universelle” ; si les gens ne se laissaient pas tant conditionner par la mode, ils accèderaient plus facilement à leur voie intérieure.

MUSIQUE

Grande vectrice d’émotions, elle est la forme d’art la plus populaire ; aujourd’hui, à force de banalisation et standardisation par les médias, l’on arrive à une certaine indifférence par rapport aux grands créateurs ; qu’il est loin le temps où la musique n’avait qu’une fonction religieuse ou n’était parfois réservée qu’aux rois et autres “grands” de ce monde.
Je pense que la plupart des gens ne font plus réellement l’effort de chercher ce qui les touche le plus ; ils se contentent souvent d’un tri sommaire parmis la masse industrielle de produits sonores en tous genres que leur balancent la radio et la télévision.
L’effet de mode joue son éternel rôle auprès des teenagers et la qualité des clips vidéos produit un impact qui empêche l’appréciation objective.
Définir la qualité d’une musique est une gageure ; je dirais qu’il y a certains critères de base ; il faut que l’artiste aie du talent, qu’il soit sincère et intègre dans sa démarche, que sa musique perdure dans le temps, dépassant l’effet de “mode”, qu’il aie réussi à combiner intelligement les facteurs rythmiques, harmoniques et mélodiques sans que l’un estompe grossièrement les deux autres.
Beaucoup de chanteurs (ou chanteuses) français(es) célèbres tentent d’utiliser la musique comme médium pour valoriser leurs textes mais ne sont pas vraiment musiciens ; touché par les textes, le grand public fait rarement la part des choses et se laisse pièger !
Pour moi, les grands chanteurs doivent être également de fins mélodistes, qualité pourtant rare, malheureusement…

NOURRITURE

La nourriture est une des clés du bien-vivre ; c’est un réunificateur social, un rechargeur de batteries, un excitant gustatif (voire sexuel…), une véritable science (non-exacte)…
“Bien recevoir quelqu’un” commence par “bien le nourrir” ; d’ailleurs, la plupart des fêtes, des cérémonies, des négociations financières se font autours d’un bon repas.
Malheureusement, notre vie moderne nous oblige souvent à considèrer la nutrition comme un acte purement fonctionnel et nous ne nous donnons plus le temps de savourer les choses comme elles le méritent.
Personnellement, j’adore les cuisines asiatiques du sud (pakistanaise, thaïlandaise, indienne, vietnamienne…) ; d’abord, elles me semblent plus variées que les nôtres ; ensuite, elles allient audacieusement des saveurs très éloignées (sucré-salé ; noix de coco-cacahuètes, bananes-coriandre…).
Dans la cuisine japonaise, j’aime également les sushis, le gingembre (confis, glacé ou en jus) et le soja.
Une soirée au restaurant sera toujours un moment privilègié de volupté sans nul autre pareil.

PIANO

Quoique j’adore cet instrument, pour les possibilités rythmiques et harmoniques qu’il offre, pour son timbre généreux ainsi que toute l’histoire qu’il porte derrière lui, je reste un peu frustré par les petites choses qu’il ne peut offrir ; les vibratos, les portamentos, les crescendos sur les notes continues…
Il y a des mélodies auxquelles le piano ne donnera pas autant d’âme qu’un instrument à vent, à cordes, une voix ou un cuivre.
De façon plus générale, je pense qu’il reste avant tout un moyen et non un but ; le but sera toujours le même ; transmettre des émotions.
J’essaie au maximum de ne pas jouer du piano avec la vision d’un pianiste mais de faire de la musique avec celle d’un chef d’orchestre, j’essaie de ne pas jouer une musique pour “pianistes” mais pour “mélomanes” !
Parmis mes pianistes préfèrés; Fred Hersch, Kenny Kirkland, Brad Meldhau, Keith Jarrett, Enrico Pieranunzi, Bill Charlap, David Kikoski, Christian Jacob, Karel Boehlee, Lyle Mays, Herbie Hancock, Bill Evans, Wynton Kelly, Kenny Baron, Oscar Peterson…

PINK FLOYD

Même si cela peut paraître étrange de la part d’un “jazzman”, ce groupe est pour moi l’un des meilleurs qui aie jamais existé !
David Gilmour est un guitariste de blues que le talent et l’intelligence ont permis d’explorer un univers nouveau ; fidèle à ses “blue notes” mais s’essayant également à toutes sortes d’expériences sonores, je pense qu’il est l’âme du groupe, même si nombre de morceaux ont été écrits par Roger Waters.
Évidemment moins riches harmoniquement que les standards de jazz, les morceaux du groupe sont peaufinés, arrangés et polis comme du marbre, au point de devenir un enchantement sonore (génèré par une panoplie d’effects intelligents et d’ambiances envoûtantes…).
La belle et caressante voix de Gilmour confère à l’ensemble une unité sans pareil.
Dans une version high tech, je pense que PINK FLOYD a réusi la plus belle synthèse entre la pop, le rock progressif, le blues et le folk !

POLITIQUE

J’adore les citations de Coluche sur le sujet ; “la politique, c’est pas compliqué ; il suffit d’avoir une bonne conscience, et pour cela, il suffit d’avoir une mauvaise mémoire”…”c’est parce qu’ils sont nombreux à avoir tort que ceux qui dirigent le monde ont raison”…”il y a deux sortes de justice ; vous avez l’avocat qui connaît bien la loi et celui qui connaît bien le juge”…”un pays neutre, c’est celui qui refuse de vendre des armes à un pays en guerre, sauf s’il paie comptant”…
La politique comporte certes de nombreux intérêts mais je me méfie tellement des politiciens que j’amalgame les deux choses !
De plus, je trouve la politique belge uniforme et monotone ; dans un pays plus grand et/ou plus uni, mon degré d’intérêt pour ce domaine serait probablement supérieur mais en Belgique, le séparatisme linguistique provoque en moi un tel mépris que je ne me sens nullement concerné par ces “guerres de bac à sable”.
Je pense que l’on peut comparer les conflits intercommunautaires belges à des disputes de cour d’école ; en toute humilité, j’ai d’autres préoccupations prioritaires et m’intéresse donc davantage à la politique internationale !

RELIGION

J’adore une citation de Coluche sur le sujet ; “dieu a dit ; il faut partager ; les riches auront de la nourriture, les pauvres, de l’appétit…”
Je suis athé mais respecte pleinement toutes les obédiences, avec une petite préférence pour le boudhisme.
Ce que j’apprécie dans la religion, c’est l’humilité, l’esprit de groupe et la tentative de s’imposer une hygiène de vie.
La foi a toujours aidé l’homme a réaliser des choses étonnantes qu’il n’aurait peut-être pas eu la motivation d’entreprendre sans la religion à laquelle il appartient (les cathédrales, les vitraux, les abbayes, le gospel, les chants grégoriens…).
Je crois en sa capacité de grandir les hommes mais je ne crois en aucune des représentations que l’homme se fait de dieu (si seulement il existe…?) et je pense également que bon nombre de religions sont “rachetées” et “utilisées” à des causes moins nobles.

SAXOPHONE

J’adore le ténor pour son timbre chaud, proche de la voix humaine
J’aime le soprano pour la souplesse d’exécution qu’il offre dans le registre stratosphérique.
Dans un rayon d’instruments plus ou moins proche au niveau de la tessiture, je le trouve plus incisif que le violon mais plus moelleux que la trompette.
Je souris à l’idée de voir le visage d’Adolphe Sax apprenant la trajectoire suivie et l’importance prise par son instrument, conçu bien avant la naissance du jazz, évidemment…
Parmis mes saxophonistes préfèrés; Dexter Gordon, Stan Getz, Michael Brecker, Bob Malach, Branford Marsalis, Chris Potter, Rick Margitza, Eddie Daniels, Nigel Hitchcock, Wayne Shorter…

SILENCE

Au même titre que le jour n’existerait pas sans la nuit, la note n’existerait pas sans le silence qui la précède.
Dans une phrase musicale, il en est indiscutablement le premier valorisateur ; pour donner cette impression de quiètude et de respiration humaine si chère dans les ballades, il faut oser le silence partout où il le demande !
Parmis les choses à apprendre pour jouer du jazz, cette notion est l’une des plus élémentaires.
Pourtant, force est de constater que nombre de musiciens en ont peur, comme on a peur de se dénuder en public ou de parler à la télévision…peur peut-être de voir ce silence interprèté par un trou, par un manque d’idées…

SPORT

Je pense que la plupart des gens utilisent le sport pour garder la forme physique mais n’en réalisent pas les bienfaits psychiques !
J’adore le pratiquer, je peux parfois le regarder mais je déteste entendre débattre de résultats sportifs ; je pense que verbalement, il n’y a rien d’extraordinaire à rajouter à une performance sportive, aussi grande soit elle ; c’est un “art” qui se vit dans l’instant et qui se passe de commentaires ultérieurs.
Les commentaires sportifs sont toujours très semblables et relèvent souvent d’un manque d’élèvation spirituelle.
J’adore le ski, pour les paysages, les couleurs du ciel en haute montagne, le sentiment de vitesse couplé avec cette fusion dans la nature.
J’adore également le tennis ; il faut y apprendre à se centrer, toute sa science réside dans la concentration et le mouvement ; pour ces raisons, le tennis est une sorte d’art martial Occidental-version ludique.
La plongée, l’alpinisme et la plupart des sports de l’extrème m’attirent également mais les journées sont trop courtes pour tous y goûter !

STROMAE

Stromae= anagramme de Maestro ; avant de parler musique, on est déjà en plein trip
narcissique : par son pseudo, le gars s’autoplébiscite ; il a décidé qu’il était le maître !!
Voilà l’exemple type du “produit” jetable qu’on se dépêche de vendre en masse tant que les gens y croient et que les médias s’y adonnent à plein régime mais dont on ne retiendra finalement que l’image et le nombre de CDs écoulés (à ce titre, il est un “phénomène” commercial sans précédent en Belgique…).
Sur le plan purement artistique, force est de constater que le tableau est moins reluisant : pseudo-rap désuet sur un fond de techno fade et sans ambition, mélodies pauvrissimes sur des trames harmoniques consternantes de monotonie.
Mais l’homme sait y faire : il attire les foules : il est mignon, il est intelligent, il s’habille de façon inédite, il joue sur l’androgynie (cf David Bowie, Mick Jagger, il y a…45 ans…), il annone des paroles tellement insignifiantes (pour resterdiplomate) qu’elles en deviennent intriguantes et presque fascinantes mais surtout, last but not least ; on l’entend tout le temps et partout !
Pour les masses dont la musique n’est pas le sujet premier, comment ne pas succomber à ce matraquage industriel qui pollue si régulièrement les ondes depuis quelques années déjà ?
Heureusement, ceux qui peuvent distinguer “écouter” et “entendre”, “choisir” et “subir”, “évoluer” et “régresser” ne peuvent qu’aquiescer sur toute la ligne…à moins d’être sourd, auquel cas, cliquez sur le lien suivant ; http://www.maison-appareil-auditif.be/?gclid=CJnQuqWw-LwCFanjwgodaTYAoQ

TANGO

Pour moi, cette musique est la plus sensuelle qui soit et ce, pour diverses raisons.
D’abord, parce que le bandonéon produit un timbre caressant des plus romantiques, ensuite, parce que le savoureux mélange entre le raffinement des nuances et le côté “sauvage” rend cette musique profondément humaine !
Je pense en outre qu’Astor Piazzola l’a élevée à un rang majeur des mouvements musicaux de ces 50 dernières années !
Le tango est également une des danses les plus érotiques que je connaisse…

TOOTS THIELEMANS

Ce qui touche en premier chez lui, c’est son éternelle simplicité ; sa faculté de voir les gens comme ils sont et de rester lui-même, sans artifices ni gardes-fous, à travers le succès et les rencontres.
Que dire encore si ce n’est qu’il est le meilleur harmoniciste de la planète et un des improvisateurs les plus sensibles de la seconde moitié du 20ème siècle ?
De par sa longue expérience des studios (dans les contextes les plus divers), il est resté très ouvert à tous les genres musicaux et a développé une capacité d’adaptation remarquable aux genres les plus variés.
Si nombre de musiciens se sont évertués toute leur vie à peaufiner leur style et se diriger dans une voix de plus en plus pointue, Toots est resté fidèle à son leitmotiv initial ; populariser le jazz, tendre un maximum de passerelles entre les différents courants qu’a enfanté cette musique.
L’album qu’il a enregistré avec Bill Evans reste mon préfèré (“Affinity”)…également superbe ; “Only thrust your heart”

TOLÉRANCE

Je suis relativement tolérant à la base : j’essaie généralement d’observer les qualités des gens plutôt que de focaliser sur leur défauts. Néanmoins, il y a certaines choses qui heurtent mes fréquences vibratoires ;
Je suis allergique à la mauvaise musique et à la médiocrité artistique en général, à la fumée de cigarette, aux embouteillages, aux files inutiles, à la lenteur administrative, aux commentaires sportifs radiophoniques, aux incompétences chroniques de personnes soi-disant “qualifiées”, à la mauvaise foi, à la radinerie et à la trahison.
Je respecte les différences humaines et les sautes d’humeurs ainsi que les cons (c’est pas de leur faute…).
Je savoure les films intelligents, les pièces de théâtre drôles, les sculptures qui “bougent”, les tableaux qui interpellent, les morceaux tristes, le tiramisu, le chocolat noir aux amandes, la Chartreuse, la vodka aux herbes de bison, le thé à la menthe fraîche, les enfants qui rient, les femmes qui sourient, les chats qui ronronnent, les arcs-en-ciel, la brume qui se lève sur les champs le matin,…

TRISTESSE

Même si nous n’aspirons généralement pas à cet état d’âme, je pense qu’il est un des plus puissants vecteurs d’inspiration et de créativité.
Écouter de la musique triste me fait un effet exhorcisant ; au même titre que l’expression verbale d’une souffrance peut en allèger l’intensité, la musique triste peut neutraliser la nostalgie qui m’envahit, certains jours.
Pour moi, les gens qui déclarent ; “je ne veux pas écouter de musique triste, ça me fout le cafard…” me font penser au gens qui disent ;”je ne veux pas aller chez un psy parce que j’ai peur de ce qu’il pourrait découvrir…” ; à mon avis, il est important de vivre nos émotions jusqu’au bout, même si cela passe par de la tristesse ; raison pour laquelle on engageait des pleureuses lors de certains décès et pour laquelle on joue des requiems aux enterrements…
Je pense que la musique triste nous reflète un aspect inéluctable de l’existence ; tout n’est pas toujours rose et il faut l’accepter ; acceptation qui donne d’autant plus de profondeur et de substance à toutes les expériences agréables de la vie.

VIBRATO

J’adore le vibrato lorsqu’il est bien dosé et qu’il vient à point.
Je regrette cependant que nombre de chanteurs(teuses) l’utilisent comme on met de la mayonnaise sur les frites ; avec tout le respect que j’ai pour Edith Piaf, je pense qu’elle incarne parfaitement l’exemple de ce qu’il faut éviter de faire lorsqu’on utilise le vibrato.
J’aime autant le vibrato que le filtre qu’on ajoute parfois sur une photo au développement ; malheureusement, si, pour donner du corps au propos, l’on ne joue plus que sur l’effet, on masque l’essentiel !

VIOLON

Que ce soit dans la musique classique, klezmer ou tzigane, quoi de plus lyrique qu’un thème triste joué en violon solo ?
Quoi de plus beau qu’un savant tapis de violons pour souligner le propos d’un soliste ?
Quoi de plus enivrant qu’une ritournelle de folk irlandais à l’archet incisif ?
Ceci dit, je ne suis pas convaincu de son efficacité optimale dans le jazz ; je pense que pour permettre la variété d’inflexions et d’attaques typiques à cette musique, les notes frappées, pincées ou soufflées conviennent mieux que les notes frottées ; en outre, de lourds et pompeux arrangements d’orchestre peuvent également parfois confèrer au violon une image d’instrument sirupeux et racoleur, cliché tristement répandu.
Parmi mes violonistes préfèrés ; Guidon Kremer, Isaac Stern, Arthur Grumiaux, Didier Lockwood…